Le bon, la brute et le truand

Publié le par a-yin


Titre original: Il buono, il brutto, il cattivo

Sentenza (Lee Van Cleef) alias la Brute, est à la recherche de la modique somme de 200 000 dollars mais ignore où le magot se cache. Il torture alors tous ceux qui connaissent un certain Bill Carson qui sait où se trouve le butin. Or, au crépuscule de sa vie, Carson va rencontrer en plein désert Blondin (Clint Eastwood) alias le Bon accompagné de Tuco (Eli Wallach) alias le Truand. Il révèle aux deux hommes l'endroit où sont planqués 200 000 dollars en pièces d'or. Tuco a seulement pu entendre le nom de l'endroit, le cimetière de Sad Hill, quant à Blondin, il connaît seulement le nom de la tombe. Les deux hommes doivent alors s'associer pour chercher le butin et partager l'argent mais Sentenza est également sur le coup. Surtout qu'en pleine guerre de sécession, ils se font arrêter par l'armée sudiste où officie la Brute.

Avis :

Réalisé en 1964 par Sergio Leone, Le bon, la brute et le truand est considéré comme un chef-d'oeuvre du western spaghetti et même du cinéma. Le bon, la brute et le truand est le dernier opus d'une trilogie appelée Trilogie du dollar où on trouve aussi Pour une poignée de dollars et Et pour quelques dollars de plus (*MERCI MAT*), avec Clint Eastwood au casting des trois films. Film culte, Le bon, la brute et le truand aura marqué de nombreuses générations, jusqu'au groupe de rap marseillais IAM qui a même réalisé une compil, Sad Hill ayant pour jaquette une imitation de l'affiche et où on trouve un morceau contenant des répliques posées sur le thème du cimetière samplé. Les répliques cultes sont légion dans ce film même sans l'avoir vu. N'ayant jamais été amatrice de western, Le bon, la brute et le truand est le seul bon souvenir que j'ai eu du genre quand je l'ai vu il y a plus de dix ans, et peu de choses me sont restées en tête: un cimetière, un désert et puis une musique bien célèbre.

L'été dernier, M6 avait diffusé Il était une fois dans l'ouest du même réalisateur et j'avais émis le voeu de revoir un jour Le bon, la brute et le truand. Et par chance, c'est sur France 2 que j'ai pu le voir lundi 17 juillet en première partie de soirée. De plus, je voulais voir des films avec Clint Eastwood cette année mais je n'ai malheureusement pas pu voir Et pour quelques dollars de plus diffusé le lundi suivant (et j'ai raté L'Impitoyable sur France 3 un mardi soir en septembre au profit du final de Koh-Lanta snif). Je rédige cette note pour rester dans le but de laisser une trace de mes souvenirs de ce film. En effet, je suis persuadée que n'importe qui le connaît dix fois mieux que moi et donc, cette note n'apportera rien à personne. Sans oublier que tout le monde sur le web a dû rédiger des textes bien plus intéressants. Donc, une note à ne pas lire mais surtout une trace des impressions dont j'arriverai à me souvenir si je les laisse ici. Malheureusement, avec ce retard de quelques mois, la note ne sera pas précise, je reconstitue donc avec mes souvenirs lointains.

Contrairement à Il était une fois dans l'ouest, je suis très vite entrée dans le film. Une grande surprise pour moi, comme il s'agit d'un western. De ce fait, je dirais (mais c'est peut-être une erreur, n'étant pas une connaisseuse de ce grand Sergio Leone) que Le bon, la brute et le truand est un film bien plus accessible. Dés le commencement, on entre dans le vif du sujet avec un générique qui détonne tout, une musique vraiment envoûtante avec son cri du coyote et surtout la présentation à coups de gachette (bien entendu) de nos trois personnages. En à peine quelques minutes, Sergio Leone a posé son univers et ses personnages, affublés de sobriquets qu'on retrouve dans le titre. Le bon, la brute et le truand est une histoire de magot, comme tous les opus (je suppose) de la trilogie. L'histoire est donc simple, on comprend très vite les enjeux des personnages, chacun voulant encaisser la tune, un classique du genre finalement (enfin d'après ce que j'ai pu lire de Lucky Luke il y a bien dix ans). On est bien loin d'un Il était une fois dans l'Ouest plus complexe, avec une histoire moins directe qui n'a pas besoin de prendre son temps pour se révéler.

Et pourtant, le film dure bel et bien presque 3h soit autant qu'un Il était une fois dans l'ouest. Mais surtout, on y trouve déjà plus de dialogues et une histoire moins énigmatique. Et puis, on a trois personnes identifiables là où j'avais des difficultés à reconnaître les personnages dans Il était une fois dans l'ouest. Les personnages sont aussi moins esseulés, ils ont presque une vie sociale. Déjà, le Truand et le Bon restent toujours ensemble ce qui force les deux personnages à avoir un minimum de conversation. Chose non négligeable dans Le bon, la brute et le truand, il y a une bonne dose d'humour que ce soit au niveau des dialogues entre Blondin et Tuco (ou rien qu'au début où ils nous sont présentés avec leur jeu du chasseur de primes et du criminel faussement arrêté) ou le personnage de Tuco tout seul (qui semble assez inédit des personnages de Sergio Leone d'après les deux films que j'ai vus du réalisateur). Quant à Sentenza, il est bien évidemment solitaire et individualiste, mais il doit s'infiltrer dans la société pour avoir des informations à propos du magot et donc, il discute aussi (tout en torturant il en va de soi). Un film plus bavard, plus "normal" je dirais ce qui le rend déjà plus accessible. Et puis il y a ce personnage de Tuco, un véritable truand mais ôôô combien attachant par ses faiblesses, bien plus que le Bon ou la Brute. Une scène le rend particulièrement sympathique, il s'agit de celle avec son frère.

Si Tuco est drôle et attachant, les deux autres sont tout simplement charismatiques. En voilà des personnages qui ont la classe! Ces deux-là sont un peu la marque de fabrique de Leone, des cowboys solitaires et énigmatiques, peu bavards dont on ne sait strictement rien. L'un est simplement la classe incarnée, il s'agit bien sûr de ce bon vieux Clint, un homme un vrai, celui qui est toujours classe quelque soit le film ou la situation. Rien à dire sur cet acteur, son charisme est son commerce (et son talent pour réaliser aussi bien entendu). Quant à Sentenza, on appréciera son côté très sadique, avec un acteur qui a la tête de l'emploi. Un homme qu'on aime voir torturer les autres (ou bien c'est moi qui suis bizarre O_o), on aime son sourire en coin accompagné d'une moustache (la marque du méchant :p) mais on n'aime surtout pas le rencontrer (enfin sauf si il m'apprend des trucs pour la torture :D). Deux icônes entourées d'une aura magnifique mais deux fripouilles même si l'un est le Bon. En bref, on a trois individus clairement identifiables qu'on retrouve jusqu'au titre, ce qui facilite les choses quand on n'est pas physionomiste.

On retrouve dans Le bon, la brute et le truand tout l'art et le style de Sergio Leone. Les plans longs, les paysages fixes parfois de loin, une certaine lenteur, des déserts à perte de vue, des personnages mystérieux, solitaires, individualistes et charismatiques qui parlent peu et des gros plans sur les yeux des personnages. En parlant de gros plans, ceux-ci sont merveilleusement utilisés lors de la dernière scène dans le cimetière, avec ce duel à trois. Un duel au suspense assez dingue, insoutenable, où on se demande quelle en sera l'issue, avec une caméra qui tourne et puis ces yeux qui regardent des deux côtés. Une scène vraiment très belle O_o et surtout mémorable. Sergio Leone a également utilisé une musique emblématique, avec un cri du coyote qui nous imprègne, qui entre dans la tête et qu'on ne peut oublier. Il a fait ce même usage de la musique pour Il était une fois dans l'ouest avec un harmonica dont on a du mal à se détacher. D'ailleurs, cette musique est mise en valeur justement par le silence qui règne souvent dans le film.

Le bon, la brute et le truand est un western assez particulier car on a cette petite incursion dans la guerre de sécession (avec les uniformes qui font l'objet d'un sacré moment comique xD). Une guerre qui semble inutile et vaine pour les personnages qui, j'ai l'impression, n'y voient qu'une boucherie. D'ailleurs, on y voit des gens mourir à la pelle et un militaire qui part complètement bourré au combat. On a aussi une incursion dans l'armée de nos trois héros, deux prisonniers et un dans l'autre camp. Le côté camp de prisonniers donne également un goût particulier à ce western: tout ne se passe pas que dans le désert, on n'oublie pas qu'à cette époque, il y avait donc des aventuriers, des criminels, des citoyens et une guerre. On peut donc y voir deux aspects: les prisonniers et les combattants (ceux qui se font torturer et ceux qui se sacrifient pour un idéal). Mais finalement, tout semble si vain à côté de cette chasse au trésor à laquelle se lancent nos trois individus. Vivre pour soi-même semble nous dire Sergio Leone, on admire la liberté de ces trois hommes finalement, qui vivent comme ils l'entendent.

J'ai sans doute fait le tour de ce film. Caméra superbe, musique magnifique, répliques cultes (en français en plus :D), scènes cultes, personnages cultes... film culte quoi! Un chef-d'oeuvre et à ce jour le western que je préfère. Les 2h40 (je crois) m'ont semblé durer 2h, j'ai même revu la durée du film car je le trouvais bien plus court qu'Il était une fois dans l'ouest. Vraiment dommage que j'ai manqué Et pour quelques dollars de plus qui est considéré par beaucoup comme un chef-d'oeuvre aussi (certains l'aiment peut-être même plus que Le bon, la brute et le truand). Et si vous ne l'avez toujours pas vu, il faut simplement se jeter dessus. Car même une grande allergique au western comme moi n'a jamais résisté à ce film-là! Et puis, je me devais de savoir à quels moments étaient prononcées toutes les répliques de Sad Hill ;) "Blondin! T'es le plus grand dégueulasse... que la terre ait jamais porté" eh ouais! [NB: cette note aurait dû paraître après L'exorcisme d'Emily Rose.]

Publié dans Cinéma

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A
IAM c'est ma jeunesse :p. Et j'aimais trop Sad Hill alors que j'ignorais que ca venait de ce film ^^; les trucs genre "toi, tu creuses" :p. Comment ca des westerns plus humains? Et ceux avec Terrence Hill alors? (bon je sors LOL) John Wayne jamais maté et.... j'avoue ca ne m'intéresse pas ^^;. Mais mon western préféré est sans aucun doute Docteur Quinn, femme médecin :o (bon OK c'était pas drôle)
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K
Effectivement , je confirme qu'il n'y a pas de lien entre les 3 films , mis à part les $ et la dégaine de Clint.<br /> Merci Yin d'avoir parlé de Sad Hill , parce qu'il est clair qu'AKH a fait là un énorme homage aux films de Sergio Léone avec lesquels il a grandit , et je suis quand à moi convaincu quand dans les westerns de S Léone il  y a un côté "humain" qui je n'ai pas rétrouvé dans les westerns de l'époque J Wayne et compagnie (d'ailleurs je ne supporte pas ces westerns là qui sont pour moi raciste , je gerbe dessus en fait)
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M
Oui, je me rappelle que tu n'es pas super fan des westerns et, à vrai dire, ça n'est pas vraiment ma spécialité non plus même si j'en ai vu quelques-uns quand j'étais marmot (Aaaaah, John Wayne avec ses vestes à franges... ^^).Quant à "la trilogie du dollar" (j'aime bien cette expression), je ne crois pas qu'il y ait de réelle continuité autour du personnage de Blondin mais je peux me tromper.De rien encore pour les précisions. ;)
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M
Une remarque pour commencer, les autres films de la trilogie de Sergio Leone sont : "Pour une poignée de dollars" et "Et pour quelques dollars de plus". Dans le premier, Clint Eastwood profite de la guerre entre deux bandes rivales pour se faire de l'argent et "rendre le monde meilleur" en les éliminant tous.  "Le dernier recours" avec Bruce Willis est d'ailleurs un remake de ce film.Dans "Et pour quelques dollars de plus", en revanche, on retrouve Clint et Lee Van Cleef qui sont chasseurs de prime. C'est très bien aussi même si mon préféré reste quand même "Le bon..."Sinon, d'accord avec le reste surtout à propos de Tuco. La scène du bain qu'il conclut par "If you wanna shoot, shoot. Don't talk." à l'adresse du cadavre de celui qui était venu le tuer mais qui a préféré lui faire un long discours type "Tu as tué mon frère, tu vas payer..." plutôt que de le buter direct. J'adore ^^
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A
Je ne sais que dire pour te remercier. J'ai confondu les deux titres en fait :( et je n'ai même pas vu l'erreur du fait que moi et les westerns ca fait deux :(. Alors en tant qu'expert dans le genre tu préfères quand même Le bon, la brute et le truand :). Oui Lee Van Cleef jouait effectivement dans Et pour quelques dollars de plus :o apparemment c'est Clint qui l'a recommandé de nouveau pour le rôle de la Brute :o. Mais dans la trilogie, y'a une "continuité"? Je veux dire pas pour la Brute mais pour le perso de Clint, Blondin. Merci encore pour tes précisions :o.