Reset

Publié le par a-yin

Plusieurs cas de suicide ont été découverts, toutes les victimes habitant dans le même immeuble. Tous jouaient au jeu en réseau Dystopia. Avant leur suicide, des mots s'affichent: "votre vie est un échec, appuyez sur reset". Une jeune femme, Hitomi Shinohara, voit son mari mourir par défenestration. Elle s'en veut de ne pas avoir plus connu son mari et finit par découvrir qu'il jouait à Dystopia. De même, Yoshioka, jeune professeur au collège, voit Daisuke, un de ses élèves sauter par la fenêtre. Un jeune hacker de génie, Shunsuke Kitajima, travaille pour le gouvernement afin d'en savoir plus sur les incidents et vient en aide à Hitomi dans le jeu.

Avis :

Depuis la publication de Duds Hunt en France grâce à l'éditeur Ki-oon, les choses ont changé pour Tetsuya Tsutsui. L'auteur a été remarqué dans son pays et travaille désormais avec l'éditeur Square- Enix. Cinq mois après la version française de Duds Hunt (soit en mai 2005) sortent au Japon le one-shot Reset (réalisé sous Square-Enix) et la version papier de Duds Hunt. Ceci dit, Tetsuya Tsutsui continue toujours ses histoires indépendantes sur son site. C'est une première: nous avons eu la version papier de Duds Hunt avant les Japonais! En France, la sortie de Reset a été maintes fois repoussée, jusqu'à l'Epitanime (en avant-première) ou en juin pour les autres. Finalement, Ki-oon annonce le volume 1 de Manhole et Reset pour la même date. Manhole, première série de Tetsuya Tsutsui, est terminée au Japon avec trois volumes.

Ceux qui ont lu Duds Hunt ne seront pas dépaysés (rien que la couverture ressemble au titre précédent), on y retrouve le thème cher à l'auteur des nouvelles technologies. Alors que Duds Hunt traitait des GSM, de l'Internet et du stress de la société japonaise, Reset traite du crime à travers un jeu en réseau. Le récit est toujours vif et incisif, accompagné d'un découpage très vif et d'un dessin efficace. Depuis Duds Hunt, le dessin s'est affiné mais je lui trouve moins de charme qu'un Duds Hunt. A mon avis, le scénario est moins soigné que celui de Duds Hunt, le tout va un peu trop vite malgré l'épaisseur de l'ouvrage. Le coupable est expédié trop rapidement, de même ses objectifs dont on se doute facilement. On n'a pas le même suspense que dans Duds Hunt, le récit est beaucoup moins subtil et plus convenu. Le dessin est trop lisse, le trait trop fin, trop épuré, cela donne un côté fadasse à l'oeuvre. On a une abondance de termes techniques qui sont là pour faire "staïle" (enfin ce n'est qu'une impression).

Un divertissement très sympathique et efficace, surtout si on n'a pas lu Duds Hunt avant. Mais pour ceux qui connaissent déjà l'auteur, il s'agit d'une oeuvre sans grande surprise, plus fade aussi. Le charme agit moins, l'effet de surprise est estompé. Ce one-shot a surtout été créé pour le public japonais comme premier one-shot publié en papier, Duds Hunt étant une oeuvre écrite en tant qu'amateur sur son site perso. Je pense donc que le Japon a surtout découvert cet auteur par Reset qui est, je suppose, une commande de l'éditeur qui a dû demander une oeuvre dans le même style que Duds Hunt d'où ce rapprochement. Après, on a aussi le thème de la violence dans les jeux, particulièrement crue dans ce jeu. Les personnages entrant dans Dystopia s'amusent soit à tuer soit à se tuer, c'est un point de vue intéressant, Tetsuya Tsutsui pointe le doigt sur la banalisation de la violence, sous prétexte que celle-ci est virtuelle. Cette forme de dénonciation reste cependant superficielle, Reset étant avant tout un manga d'action saupoudré de suspense.

Le personnage du hacker est un peu "je suis cool", on voit qu'il a dû répondre à certains critères car personne n'adoptait ce style dans Duds Hunt. Les personnages comptent peu dans un seinen d'action mais je les trouvais plus creusés dans son oeuvre précédente. Ici, on a un jeune professeur idéaliste, une jeune femme au foyer qui découvre l'univers de son mari mais ces deux personnages n'ont aucune profondeur, ils sont là pour servir le récit. De ce fait, après l'identité du coupable et ses raisons, la suite perd de son intérêt. Le sort des personnages, que ce soit Hitomi, Kitajima, Yoshioka ou Daisuke, importe finalement peu. Et même les motivations du coupable m'ont semblée peu passionantes.

Reset est un divertissement suffisamment efficace mais déçoit légèrement, n'échappant pas à la comparaison de Duds Hunt. Trop léger malgré le nombre de pages, un peu trop fade graphiquement, une réflexion effleurée sur le jeu. Reset est aussi plus "fashion" pour répondre aux demandes de l'éditeur, mais ce n'est qu'une supposition. Reset est à réserver aux fans purs et durs de Tetsuya Tsutsui, ceux qui débutent devraient plutôt lire Duds Hunt et ceux qui ont beaucoup aimé sa première oeuvre peuvent sauter ce one-shot pour se diriger directement sur Manhole. Enfin, juste pour signaler que je suis heureuse que ce soit toujours Ki-oon qui ait les droits de Manhole et Reset, d'une pour leur très bon boulot et surtout: c'est l'éditeur à avoir découvert Tetsuya Tsutsui, avant Square-Enix.

Merci à Sop

Publié dans Manga & Co

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K
Les 2 couvertures sont vraiment vachement ...... (8/) La ressemblance entre les couvertures avec pourtant quelque chose de ... différent illustrerait alors la différence de profondeur entre les 2 one-shot ?<br /> Je n'ai pas encore lu Reset , je dois avouer que ce n'est pas dans ce que je veux lire avec empressement .En plus ce que tu en dis ne me pousse pas vraiment à me précipiter sur Reset  , j'ai bien peur d'avoir une grosse dose de déception après Dud Hunts que j'ai relu tellement de fois que je le connais par coeur
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