Three Extremes
En 2003 naît Three, une collaboration entre trois réalisateurs de nationalités différentes: un Hongkongais, un Thaïlandais et un Coréen. Ce petit projet regroupait trois films fantastiques de quarante minutes chacun et est passé discrètement en salles en France sous le titre Trois histoires de l'au-delà. Three Extremes renouvelle la donne avec Fruit Chan pour Hong Kong, le désormais célèbre Park Chan Wook pour la Corée du Sud et enfin le fameux Takashi Miike pour le Japon. D'ailleurs, Three Extremes a également bénéficié d'une sortie ciné discrète.
Box
Kyoko est écrivain. Sa vie est une grande solitude et la nuit, elle fait toujours le même cauchemar: elle se trouve nue, enfermée dans une boîte enterrée vivante et a du mal à respirer. De plus, son enfance paraît plus que complexe. (D'après mes souvenirs: Kyoko avait une soeur jumelle quand elle était petite. Elle travaillait dans un cirque errant. Leur patron avait une habitude particulière: celle qui avait la meilleure performance lors du spectacle pouvait partager son lit. Evidemment, c'est toujours la soeur de Kyoko qui était choisie. Celle-ci la piège alors: un jour, elle l'enferme dans une petite boîte lors d'une séance d'entraînement et se fait passer pour sa soeur. Seulement, le cirque brûle et la soeur ne peut sortir de la boîte. A la fin, on apprend que les soeurs sont siamoises et que le tout n'était qu'un rêve.)
Avis : 
Avec Box, c'est Takashi Miike qui introduit le spectateur dans l'univers de Three Extremes. Malgré sa célébrité avec notamment la trilogie Dead or alive, je n'ai jamais vu ses films et celui-ci fut donc mon premier Takashi Miike. Ce Box est également l'histoire que j'ai préférée dans ce triptique, notamment pour l'élégance des images mais aussi sa fin. Le tout est finement réalisé, et le silence plane sur cette histoire. Les décors enneigés donnent un certain charme au film et surtout, les scènes de l'enfance de Kyoko, avec sa soeur, sont superbes et confondent le spectateur. Tout un jeu est fait autour de ces soeurs jumelles. L'histoire est mystérieuse avec et la chute y est également réussie. Pour ma part, le côté claustrophobique de Box n'a pas agi sur moi. L'histoire n'est pas exceptionnelle mais c'est surtout la réalisation soignée et l'ambiance particulière qu'on trouve dans Box qui en fait mon préféré. Un très bon film pour ouvrir commencer Three Extremes.
Dumplings
Elle (Miriam Yeung) est une ancienne vedette et commence à vieillir. D'ailleurs, son mari (Tony Leung Ka Fai) ne la voit plus du même oeil et c'est la crise dans le couple. Elle refuse les ravages du temps et demande de l'aide à une femme qui se fait appeler Tante Mei (Bai Ling). Cette Chinoise va donc l'aider grâce à ses raviolis qui contiennent un ingrédient spécial. Bientôt, notre vedette retrouve sa jeunesse et sa beauté, et devient accro aux fameux raviolis. Tante Mei, en plus de sa formule de jeunesse, possède une autre source de revenu: elle pratique des avortements illégalement pour des filles qui ont une grossesse non voulue. (Les fameux ingrédients sont des foetus provenant soit d'un hopital de Shenzhen soit de femmes qui ont avorté chez elle! Voilà pourquoi parfois les raviolis croustillent ce à quoi Mei répond: "c'est peut-être parce que les os se sont déjà formés"...)
Avis :
Après le Japon, voici Hong Kong accompagné du réalisateur Fruit Chan pour une histoire plus que morbide: Dumplings (qui signifie raviolis en Français). On y retrouve des acteurs célèbres tels que Miriam Yeung ou Tony Leung Ka Fai (celui qui a joué dans L'Amant, pas l'acteur fétiche de Wong Kar Wai -> et le mien lol) et un second rôle plutôt solide en la personne de Bai Ling, une actrice que je ne connais pas du tout et qui nous vient de Chine continentale (par opposition à Hong Kong, Dai Lok comme on dit). Dumplings est également ressorti en version longue.
La réalisation est très soignée dans ce Dumplings avec une photographie très lisse aux couleurs particulières, donnant un petit air vieillot au film. De même la décoration dans l'appartement de Tante Mei fait très années 50, un peu comme pour Going Home, l'histoire hongkongaise de Three. Il est étonnant de voir une actrice telle que Miriam Yeung dans une histoire si morbide, celle-ci étant une grande habituée des comédies romantiques où elle campe toujours le rôle d'une fille très active et un peu fofolle. Quant à Leung Ka Fai, je ne vous cache même pas ma surprise quand je l'ai vu avec ses cheveux blancs et je me suis même demandée si le temps passait aussi vite... Bai Ling est la révélation de Dumplings et vole la vedette aux acteurs célèbres avec son aisance et son charisme.
L'intérêt de Dumplings repose surtout dans le fameux ingrédient des raviolis. Car passé la révélation, j'ai trouvé le film ennuyeux. D'ailleurs, le rythme est très lent dans Dumplings et il ne s'y passe vraiment rien ou pas grand chose à part les moments où l'héroïne dévore ses raviolis dans un silence total, donnant une ambiance tendue et un côté morbide à l'acte. Une histoire originale qui ne repose que sur cette révélation, ce que j'ai trouvé trop mince. Dumplings n'est pas assez fort et ne reste vraiment pas inoubliable, sauf pour l'ingrédient secret (j'avoue que pendant deux jours, je ne voulais plus manger de raviolis). Une belle réalisation, de bons acteurs mais une histoire trop mince, je me demande ce que donne la version longue (mais je me demande bien si ce n'est pas une pure opération marketing). Dumplings ne succède en aucun cas à son prédécesseur Going Home.
Cut!
Ruy Ji-Ho est un réalisateur célèbre et tourne un film dont le décor est identique à celui de son domicile. Un soir, alors qu'il rentre chez lui après une journée bien chargée, il retrouve sa femme attachée à côté de son piano. Un homme lui propose alors un jeu: tuer une petite fille sinon sa femme aura petit à petit les doigts coupés un par un par une hache. Cet homme n'est autre qu'un de ses anciens figurants ayant joué dans presque tous ses films.
Avis : 
Three Extremes se conclut avec la star du cinéma coréen Park Chank Wook, rendu célèbre grâce à sa trilogie sur la vengeance (j'ai hâte de voir Sympathy for Lady Vengeance au passage). Avec Cut!, il reprend encore ce thème de la vengeance qui lui est cher, avec des personnages ni bons ni mauvais mais très humains. Encore une fois, comme toutes les histoires de ce triptique, Cut! est réalisé avec grand soin. Le domicile du héros est doté d'une décoration plus que troublante mais l'esthétique y est calculé au millimètre près. Cut! est un huis clos où la tension règne, du moins pour le début. Car me concernant, cette tension est ensuite descendue en flèche avec le figurant bien trop bavard et j'ai fini par m'ennuyer dés la moitié de l'histoire. Ce Cut! constitue pour moi une véritable déception de la part de Park Chan Wook qui d'habitude réussit à me toucher mais également dans l'optique de ce triptique. Les acteurs sont excellents, surtout le figurant et la réalisation soignée mais le tout est bien trop long. De plus, j'aurais préféré une histoire plus fantastique dans l'optique du triptique qu'est Three Extremes.
Ce Three Extremes constitue un triptique sympathique mais un peu décevant, venant de la part d'un tel trio de réalisateurs. De plus, on retrouve une histoire que je trouve un peu hors contexte puisque Cut! est plus un thriller qu'un film fantastique, alors que Three ne réunissait que des histoires fantastiques. Three était une très bonne surprise surtout par l'inoubliable Going Home et le très efficace Memories mais Three Extremes, malgré la réalisation soignée, les réalisateurs renommés et les acteurs plus que convaincants déçoit car rien ne reste inoubliable, sauf l'ingrédient secret dans Dumplings.
Merci à Gilles