Oliver Twist (Charles Dickens)

Publié le par a-yin

Car sa mère est morte juste après sa naissance, Oliver Twist devient orphelin et passe les neuf premières années de sa vie chez Madame Mann où les enfants sont maltraités et surtout affamés. Oliver est ensuite emmené par Monsieur Bumble à l'orphelinat de la ville mais il en est chassé et devient apprenti pour Monsieur Sowerberry après avoir eu l'audace de réclamer un supplément de gruau. Oliver s'enfuit ensuite à Londres et entre dans le milieu du crime après avoir fait la connaissance de Fagin et son gang.

Avis :

Lorsque je pense à l'Angleterre victorienne et ses gentlemen en haut-de-forme ou encore à l'expression "so british", c'est Charles Dickens qui me vient en tête. Pourtant, je ne connais rien de cet auteur majeur de la littérature anglaise et c'est la première fois que je lis un de ses romans. J'ai décidé de débuter par son roman-phare Oliver Twist, non pas en raison de l'adaptation cinématographique par Polanski (car je n'étais même pas au courant) mais surtout du fait que le personnage d'Oliver Twist incarne à mes yeux le symboles des orphelins dans les rues d'un Londres victorien. Oliver Twist est un des premiers ouvrages de Charles Dickens et il connut immédiatement le succès, chamboulant la société par sa critique exacerbée des solutions du gouvernement face à la pauvreté. De plus, Charles Dickens cherche à changer l'opinion et le regard que les personnes aisées ont sur les pauvres.

A ma grande surprise, tout le début d'Oliver Twist baigne dans la noirceur et ne laisse voir aucune lueur d'espoir. Le début est désespoir et l'atmosphère est lourde, étouffante, il n'y a aucune issue. C'est ainsi que commence la vie de notre orphelin, dans la misère même si celui-ci ne s'en rend pas compte. C'est aussi à ce moment que l'ironie de Charles Dickens atteint son paroxysme lorsqu'il explique les mesures prises par le gouvernement contre la pauvreté: la population peut recevoir l'aide de l'Etat en travaillant dans les dépots de mendicité en échange d'une très maigre pitance, et les familles sont séparées. L'autre solution est bien sûr le crime. Le taux de criminalité est donc en partie créé par l'Etat, les pauvres ne sont pas nés avec le vice en eux. Dickens nous dépeint également les responsables du dépôt de mendicité tels Monsieur Bumble ou Madame Corney comme vicieux et avides, tout le contraire de ce qu'on attend de personnages d'Eglise. Dickens dénonce et montre du doigt toute cette représentation manichéenne que l'on retrouve dans les mentalités de l'époque où le pauvre était né avec tous les vices possibles.

Oliver Twist devient un peu moins glauque lorsque notre héros arrive enfin à Londres où il rencontre le personnage fascinant de Fagin, moche et méchant, cupide, vicieux, voleur. D'ailleurs, Fagin est appelé "the Jew" tout au long du roman et est décrit comme ayant un nez crochu, ce qui véhicule en partie le stéréotype du Juif vu par les antisémites. D'ailleurs, l'auteur de comics Will Eisner a écrit un ouvrage, Fagin le Juif dans lequel il défend le personnage, le rendant plus sympathique et surtout, lui rendant justice. C'est surtout cette période dans le milieu du crime que l'on peut baptiser "Les Aventures d'Oliver Twist" car pour moi, ce livre ressemble plus à une biographie, du moins le début. Dickens décrit très bien cet univers criminel avec des personnages tous aussi méchants les uns que les autres. Ici, pas de personnages gris, tous sont méchants sauf Nancy qui se révèlera très intéressante par la suite. Dans cette partie, je trouve qu'on a droit à une vision assez manichéenne avec des pauvres moches, méchants et vivant du banditisme et des riches beaux, gentils et faisant tout pour aider Oliver. Le personnage d'Oliver est un héros parfait, il est toujours gentil, adorable et ne sera jamais perverti, un véritable modèle de pureté. D'ailleurs, même son Anglais est irréprochable malgré la vie qu'il a menée. C'est aussi dans cette partie que Dickens critique le système judiciaire anglais et dit que oui, la Justice est bien aveugle.

Les moments avec Monsieur Brownlow ou encore Madame Maylie à la campagne sont décrits d'une manière presqu'irrélle. On a vraiment l'impression de nager en plein rêve tant le décalage avec la vie quotidienne d'Oliver est grand. Lors de ces moments, l'atmosphère du livre devient beaucoup moins lourde et les mots glissent sur le papier, sans aucun problème. On ressent également beaucoup de légèreté, tout devient lumière et le tout est mis en relief par la nature verdoyante, le soleil qui éclaire le ciel alors qu'on avait l'impression d'étouffer à Londres, qu'on avait du mal à voir le ciel. Cela me fait un peu penser au sentiment de liberté qui se dégage des toiles de Monnet. Alors que la ville semblait toujours grise, noire ou marron, la campagne ou la demeure de Monsieur Brownlow paraissent comme illuminés, ce sont des terres bénies. Cela se ressent à la lecture, alors que je m'arrêtais souvent lors des moments sombres, je ne trébuchais quasiment jamais dans ces moments parmi les amis d'Oliver, ces riches personnes souriantes, parfaites, généreuses qui veulent tout faire pour aider le garçon. La vision manichéenne continue alors, les riches sont beaux, généreux et gentils.

Oliver Twist est donc un roman qui s'inscrit bien dans son époque. Charles Dickens a réussi à choquer les esprits au XIXè siècle mais force est de constater que malgré tout, il ne pouvait échapper à l'influence de son époque avec cette vision parfois trop manichéenne entre riches et pauvres (et puis cette avalanche d'émotion lorsqu'un riche se comporte de manière noble face à un pauvre avec les traditionnels "vous êtes si bonne" et les larmes qui vont avec ... pitié non -__-). J'ai beaucoup aimé ce livre même s'il est resté à mon chevet très longtemps et je déconseillerai donc sa lecture en Anglais à moins d'aimer les longues phrases ou d'avoir un niveau solide, ce que je n'ai visiblement pas (c'est ça quand on achète des livres à 2€30...). Ce qui séduit dans Oliver Twist, c'est cet univers de Dicken si "british", cette description de Londres, cette écriture si étoffée, ces phrases longues à n'en plus finir et bien sûr cet humour si ironique dont Dickens a le secret. J'ai également apprécié tout ce mystère autour des origines d'Oliver qui donne du suspens au roman, même si c'est parfois tiré par les cheveux (ma parole tout le monde se connaît!). Dickens a aussi le don pour décrire les personnages, les portraits y sont particulièrement vivants et savoureux grâce à cette petite touche d'humour. Enfin, le roman s'inscrit encore une fois dans son époque car le tout y est moralisateur, surtout la fin où on a les méchants qui finissent mal, les gentils qui sont heureux et puis les repentis.

Oliver Twist commence dans la noirceur la plus totale et la plus suffocante mais évolue petit à petit vers la lumière et la légèreté, le tout commence comme une biographie avec un côté social (dénonciation de la société, du système judiciaire, etc...) mais peu à peu, on a une intrigue donnant un côté "roman" (les origines d'Oliver et tout le suspens qui va avec, les relations entre les personnages) puis vers la fin, je trouve que cela fait un peu "conte" (notamment le côté moralisateur, l'enchantement autour des riches et le côté "ils vécurent très très heureux"). Oliver Twist est un classique de la littérature anglaise et je ne le découvre que maintenant, il me tarde de lire d'autres oeuvres de l'auteur tels Great Expectations et David Copperfield (que j'ai également achetés en pensant: "tiens, pas cher pour le nombre de pages"...).

Publié dans Livres

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S
bof
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B
C'est clair, un très bon livre !!!
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R
jai adore ce livre il nou ouvre un esprit inconnu il par d'une histoire imaginable ki es monstrueuse dans la vie reelle franchement sa nou montre in grand pa vers le respect  d'un enfant ou de kelkun d'autre<br /> je conseil a se ki l'ont pa lu de le lire<br />  
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A
C'est ce qualificatif du "The Jew" qui m'a beaucoup embêtée dans ce livre u_u.... pourquoi qualifier ce personnage forcément de cette manière O_o... après il y a les illustrations ... là Fagin y est représenté justement avec nez crochu et tout le tralala...<br /> Je vois souvent ce livre en "jeunesse" et je me demande si l'édition y á été remaniée...<br /> Que le personnage soit moche et méchant c'est le cas de beaucoup d'autres de la bande mais il est en plus radin, on ne l'appelle jamais par son nom, il est voleur comme tu le soulignes et puis il y a son physique particulier, l'auteur insiste pas mal dessus et les illustrations de l'époque également. On a aussi l'impression que Fagin n'est pas décrit comme un humain, c'est l'incarnation du mal ou du vice, associé bien sûr au qualificatif "The Jew".<br /> Wouah :D tu as même vu la comédie musicale à Londres O_o ... J'ai envie de lire Fagin le Juif de Will Eisner surtout que j'ai aimé Petits Miracles.
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G
Le personnage de Fagin, c'est un des gros reproches qu'on a fait à l'auteur, car c'est clairement antisémite. C'est du style : ce personnage est voleur, moche et méchant, mais c'est normal, il est juif.<br /> Personnellement ça m'a un peu embêté (déjà parce que je suis d'origines juives).<br /> Mais par contre j'adore la comédie musicale, je l'ai même vue au théâtre à Londres, c'était génial.<br />
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