Hypnose
Titre original: Stir of echoes
Tom Witzky (Kevin Bacon) vient d'emménager avec sa femme (Kathryn Erbe) et son fils dans la banlieue de Chicago, et fait connaissance avec son voisinage. Mari et père comblé, Tom est un homme heureux et chérit son quotidien ordinaire. Lors d'une soirée arrosée avec le voisinage, sa belle-soeur Lisa (Illeana Douglas) l'invite à une séance d'hypnose et il accepte de servir de cobaye. Etroit d'esprit et ne croyant pas au surnaturel, Tom prend la séance comme un jeu mais le lendemain, il s'aperçoit que les effets sont là. Ainsi, il commence à avoir des visions terribles et des cauchemars la nuit. Son fils semble également être victime de visions, il parle souvent seul et souffre d'absence. Quant à sa femme, elle ne sait plus que faire pour sauver cette famille qui se détruit de jour en jour. Tom est de plus en plus obsédé par ses visions et voit en cette situation une occasion d'accomplir enfin quelque chose d'utile dans sa vie.
(En déterrant son jardin, Tom découvre le cadavre d'une adolescente. Avec ses visions, il parvient à comprendre comment elle est morte: il revoit le jour où deux adolescents, des fils de ses voisins, l'ont amenée de force dans une maison en travaux afin de la violer. En se défendant, elle énerve les garçons qui finissent par la tuer en étant trop violents. En panique, les adolescents finissent par raconter ce qui s'est passé et les parents décident alors de dissimuler le cadavre pour que le quartier reste "tranquille". Le tout est finalement révélé à la famille qui recherchait leur fille depuis si longtemps.)
Avis : 
Adapté d'une nouvelle de Richard Matheson, Hypnose est le deuxième long-métrage réalisé par David Koepp. A l'origine, David Koepp est un scénariste célèbre à Hollywood à qui l'on doit entre autre Spider-man et Spider-man 2 de Sam Raimi, La mort vous va si bien de Zemeckis, Mission: Impossible, L'impasse et Snake Eyes de De Palma, Panic Room de Fincher, Jurassic Park et sa suite Le monde perdu puis récemment toujours avec Spielberg La guerre des mondes. Sorti en 2000 quelques mois après le Sixième sens de Night Shyamalan, Hypnose a souvent souffert de la comparaison, parfois accusé à tort de repompe uniquement du fait qu'on retrouve le même thème: celui de l'au-delà (comme toujours dés qu'un film dit culte sort: Pulp Fiction et Se7en). Dans le rôle du héros, on retrouve Kevin Bacon, acteur qui semble convenir au genre fantastique avec notamment sa prestation dans L'expérience interdite et plus tard dans L'homme sans ombre. Je n'avais pas apprécié Hypnose à sa juste valeur la première fois que je l'ai vu à cause d'une VHS qui sautait mais j'ai pu rectifier le tir un lundi en deuxième partie de soirée sur M6. Et tant mieux, j'avais tout oublié de ce film.
Hypnose n'a rien d'un chef-d'oeuvre. Il s'agit surtout d'un film sans prétention, un bon film fantastique comme il le faut qui mérite toute l'attention du spectateur. En effet, Hypnose est sans doute classique par sa trame (pour moi, Sixième sens n'a rien inventé dans "je vois les morts" mais a en quelque sorte relancé le fantastique à Hollywood) mais il bénéficie d'une réalisation soignée et d'un scénario plutôt solide. On appréciera aussi l'ambiance très prenante et jamais gore, les visions réussissant parfois à créer la surprise. L'atmosphère lourde et pesante, parfois claustrophobe, est bien rendue grâce à une ambiance sonore réussie et à la photographie légèrement verdâtre. Le rythme lent convient aussi très bien à l'histoire qui s'axe beaucoup sur la vie quotidienne d'une famille lambda. Pour rester dans le fantastique, il y a aussi la présence très intriguante de cet enfant, le fils du héros, qui semble posséder un pouvoir et parle souvent seul ou est victime d'absences.
C'est aussi en cela qu'Hypnose est intéressant, le héros est ouvrier dont la vie est peu excitante, il a une famille et devrait être heureux mais sa vie lui semble vaine. C'est un homme lambda qui s'est laissé aller à une routine et qui semble heureux mais qui réalise combien son manque d'ambition fait ressortir le vide de sa vie. On aime ce héros pas super sympathique mais terriblement attachant, ce héros fermé à tout au début, qui se moque bien du surnaturel. A ce propos, ce personnage est rendu très humain grâce au jeu de Kevin Bacon que j'ai trouvé excellent tout au long du film. Mais il n'y a pas que le héros dont il est question mais aussi tout ce focus sur la petite famille. On voit comment elle se détruit lentement, progressivement, comment les membres de cette famille finissent par ne plus s'adresser la parole. La femme du héros est elle aussi pleine d'humanité, essayant de tout faire pour sauver ce en qui elle tient. J'aime aussi énormément l'obsession dans laquelle le héros est pris, la scène la plus folle étant bien entendu celle du jardin vers sur la fin, avec un Kevin Bacon vraiment génial (son regard d'obsédé).
Ce qui fait de Hypnose un film fantastique bien traditionnel, c'est bien sa fin, avec son lot de révélations. Non pas de fin renversante à la Sixième sens dieu merci mais une fin avec révélations sur ce qui hante notre famille et pourquoi. Ces révélations n'ont rien d'original mais la mise en scène est bien là (le crime est finalement bien "banal" tout ça pour protéger un quotidien avec le leitmotiv: "on vit dans un bon quartier"). Ce n'est pas un défaut puisque ça colle avec l'histoire et avec le genre. Mais c'est bien l'élément classique de Hypnose, son originalité étant de s'être concentré sur les personnages rendus très humains, ainsi que sur cette petite vie familiale.
Hypnose est un très bon film fantastique où l'ambiance est mise en avant sans rien de gore ni de violent. Les visions sont bien fichues, l'atmosphère est prenante, la réalisation impeccable, le scénario efficace, les comédiens naturels avec un Kevin Bacon vraiment génial (avec la tête de l'emploi en plus), le côté humain et familial est bien décrit. Bref, Hypnose n'est pas un chef d'oeuvre ni un film culte ni un blockbuster, ni un monument, mais un film sans prétention à voir car on passe clairement un très bon moment devant, ce qui est déjà vachement bien.