Fish and Chips

Publié le par a-yin


Titre original: East is East

1973, Salfort, nord de l'Angleterre. La famille Khan est composée d'un père pakistanais, George (Om Puri), d'une mère anglaise, Ella (Linda Bassett), qui tient un commerce de fish and chips au-dessus duquel vit toute la tribu Khan et des sept enfants (six fils et une fille). George Khan n'a qu'une inquiétude: que ses enfants ne grandissent pas en bons Pakistanais Musulmans. D'ailleurs, en plus de sa femme anglaise, George a aussi épousé, en bon Musulman, une femme pakistanaise restée au pays. Ella n'est pas de cet avis et pense avant tout au bonheur de ses enfants, étant opposée aux méthodes violentes de George. Quant à ces derniers, la plupart aspirent à grandir comme des citoyens anglais, libérés de la tyrannie du père Genghis, comme ils le surnomment.

Le drame commence dans la famille Khan lorsque Nazir, l'aîné, doit se marier avec une fille qu'il ne connaît pas, et s'enfuit en plein milieu de la cérémonie. Nazir (Ian Aspinall) est donc banni de la famille, son nom ne devant jamais être prononcé devant George, bien qu'Ella garde contact avec lui. Ensuite, George s'aperçoit que son plus jeune fils, Sajid (Jordan Routledge), n'est pas circoncit, et décide d'y remédier malgré le refus du garçon. Enfin, il décide de marier ses deux fils, Tariq (Jimi Mistry) et Abdul (Raji James), aux filles de son ami Monsieur Shah. Mais George se verra un refus catégorique de la part de Tariq (sans oublier que les filles Shah sont extrêmement laides), entraînant un véritable conflit opposant George à toute sa famille.

Enfin, la famille Khan est la seule famille pakistanaise du quartier, s'attirant les foudres du voisin raciste Monsieur Moorhoose dont le petit-fils, Ernest, n'a ironiquement qu'une envie: faire partie de la tribu Khan. Ami de Sajid, Ernest est amoureux de sa grande soeur et aime saluer les membres de la famille avec un "salamalikoum" au grand dam de son grand-père. George se demande de plus en plus si rester à Salfort est bon pour l'éducation de ses enfants et s'en veut de ne pas les avoir élevés à Bradfort où la majorité de la diaspora pakistanaise vit (de telle sorte que la ville est renommée "Bradistan").

(En vrac, ce dont je me souviens... Alors les familles Shah et Khan se rencontrent chez les Khan. Madame Shah n'arrêtera pas de critiquer l'appartement, le trouvant bien trop petit et propose que les fils Khan viennent vivre chez les Shah après le mariage. Pendant cette rencontre plutôt marrante avec la Madame Shah qui critique tout ce qui bouge, Saleem débarque avec son oeuvre-d'art dernièrement réalisée. Il s'agit d'un vagin fait en plastique, avec poils et tout le tralala. Cette "sculpture" a été possible grâce à Tariq qui sort avec Stella, celle-ci ayant une copine au physique peu avantageux mais voulant sortir aussi avec un des frères Khan. Le tour est joué pour Saleem qui propose de l'occasion pour la séduire afin qu'elle lui montre son vagin. Bref, cela provoque une véritable panique, les Shah sont choqués et ne remettent plus jamais les pieds à Salfort. Bref, mariage raté, Gengis qui poursuit son fils dans la rue, Saleem qui percute la copine de Stella qui crie aussi au scandale quand elle voit la sculpture.

Ensuite, les tensions deviennent violentes entre Tariq et George, ils en arrivent aux mains. Ella ne peut le supporter et même elle subit les violences de son mari. Celle-ci avec tous les enfants, se rend dans une cabine téléphonique contacter Nazir car la crise est trop grande. En allant le chercher en ville, ils découvrent qu'il est désormais homosexuel. Quand il vient à Salfort, son père le bannit encore une fois et il est contraint de partir. A la fin, George est un homme qui se sent particulièrement seul et commence à se réconcilier avec sa femme.
)

Pour finir, voici une présentation des sept enfants (chose que je ne fais pas d'habitude mais ici, la famille est nombreuse). Nazir, l'aîné, ne vit donc plus à la maison après s'être enfui de son mariage. En fait, il était extrêmement stressé lors de la cérémonie, tremblant de tout son corps et suant à grosses gouttes. (On aprend qu'il vit en ville avec son petit ami, bossant dans une boutique de fringues assez luxe et assez "rose".)

Tariq, le second, est très opposé à son père, surtout au sujet du mariage arrangé. C'est le rebelle de la famille, et il dit souvent ce que tout le monde pense tout bas. Il n'aspire qu'à vivre comme les jeunes de son âge et se glisse souvent en douce de sa chambre le samedi soir afin d'aller en discothèque. Il flirte régulièrement avec la petite-fille Moorhoose, Stella, qui est folle de lui.

Abdul est timide et souvent dans l'ombre de son frère. C'est un jeune homme calme qui n'ose pas fâcher son père mais prendra tout de même le risque d'accompagner son frère en boîte, se révélant très mal à l'aise dans ce genre d'endroit.

Maneer (Emil Marwa) est le bon fils de son père. Bon Musulman, il pense de manière traditionnelle et n'observe pas le désire de vivre comme tous les adolescents anglais de son âge. Il semble cependant opposé à la violence de son père.

Saleem (Chris Bisson) est étudiant en art mais le cache évidemment à son père et se fait passer pour un étudiant ingénieur. Lui aussi aime vivre comme tous les jeunes de son âge, aimant flirter et surtout, veut découvrir les mystères féminins. Il s'entend bien avec Tariq.

Menaah (Archie Panjabi) est la fille de la famille parmi cette horde de garçons. Véritable garçon manquée, elle aime jouer au football plutôt que de rester calmement assise à la maison comme le désirerait son père.

Le petit dernier, Sajid, n'arrive pas à s'exprimer dans cette famille nombreuse. Souvent oublié par ses parents, il est aussi martyrisé par ses frères et soeurs qui s'amusent cruellement à ses dépends. Il est l'observateur des événements et ne quitte jamais sa parka.

Avis :

Fish and Chips est une comédie dramatique britannique réalisée par Damien O'Donnell sur un scénario de Ayub Khan-Din. J'ai entendu parler de Fish and Chips après avoir vu Joue-la comme Beckham, bien qu'il lui soit antérieur. En fait, l'actrice Archie Panjabi qui joue dans le personnage de la soeur dans Joue-la comme Beckham se trouve dans le casting de Fish and Chips. Se trouve aussi au casting Om Puri, acteur très célèbre de Bollywood qui a aussi tourné dans La cité de la joie. A l'instar de Joue-la comme Beckham qui traite d'une famille indienne vivant en Angleterre, Fish and Chips parle d'une famille pakistanaise vivant à Salfort, dans le nord de l'Angleterre. Je voulais voir ce film par curiosité car j'avais apprécié Joue-la comme Beckham mais sincèrement, je n'espérais pas un passage TV, sauf peut -être sur Arte. Quelle fut ma surprise quand j'ai vu ce film sur M6 juste après Un monde meilleur et Ordinary Decent Criminal! Malgré l'heure tardive et la fatigue après avoir enchaîné deux films, j'ai regardé Fish and Chips.

Ce qui fait l'attrait de Fish and Chips est bien sûr le côté culturel de cette famille pas comme les autres. Mais à l'opposé d'un Joue-la comme Beckham où l'on obtient une simple comédie gentille et bien classique lorsqu'on enlève le côté culture indienne, Fish and Chips reste un film plus unique. Joue-la comme Beckham possédait ce côté "Disney" et si "politiquement correct" mais Fish and Chips est bien différent par son aspect plus naturel, plus réaliste. Fish and Chips est donc, au-delà de sa particularité culturelle, une chronique familiale pleine de vie. Et c'est là aussi que réside sa force, Fish and Chips ne possédant pas l'unique atout culturel. Fish and Chips se caractérise par une grande vitalité, ce film déborde tout simplement de vie. C'est ce qui réussit à pallier la réalisation plutôt classique du film. La caméra est finalement assez monotone, légèrement molle et ce sont les acteurs qui remontent le niveau de Fish and Chips.

En outre, Fish and Chips dispose de personnages hauts en couleurs, chacun d'eux est intéressant ou possède une certaine particularité. Enfin, le conflit culturel est intéressant, il ne s'agit pas d'une famille type comme dans Joue-la comme Beckham où on montrait une simple famille indienne lambda. Dans Fish and Chips, la famille est très particulière puisque les parents forment un couple métisse. Et c'est là tout l'intérêt du film, personne extérieur à la famille n'intervient dans l'histoire, tout est interne et on évite aussi le cliché d'une famille qui rencontre le racisme. Le racisme est tout de même présent mais constitue surtout un ressort comique, tourné en ridicule au travers du voisin. Enfin, une autre force du film réside dans son dosage très équilibré entre comédie et drame, donnant un ton très juste à l'ensemble.

Fish and Chips aurait pu rester dans le registre des films sobres et modestes par sa réalisation. Heureusement le casting est excellent. A part Om Puri et Archie Panjabi, aucun des acteurs n'est vraiment célèbre mais chacun s'en donne à coeur joie. L'interprétation y est particulièrement juste et les émotions des personnages paraissent donc naturelles. C'est grâce à cela qu'on a l'impression d'une véritable chronique familiale, d'une famille unique. Les personnages, même s'ils ont chacun un trait de caractère bien marqué, ne sont pas vraiment des stéréotypes. Mention spéciale à Om Puri pour son personnage du père torturé, père qui n'arrive pas à imposer sa culture, personnage complexe car nourri par des regrets. Il force ses enfants avec sa culture mais il est le premier à avoir épousé une Anglaise, à avoir dérogé avec la règle du mariage arrangé qu'il impose de force à ses fils. C'est un homme finalement triste qui n'arrive pas à s'exprimer autrement que par la tyrannie et on voit à la fin toute cette tristesse qui émane du personnage. Om Puri se glisse vraiment dans la peau de George, dommage que je n'ai pas vu le film en version originale car le doubleur roulait les "r" en Français afin de faire paraître son accent. Enfin, j'ai aussi aimé Linda Bassett dans le personnage de la mère, partagée entre l'amour et le respect qu'elle a pour son mari ainsi que le bonheur de ses enfants. Et puis, Jimi Mistry est également très fort dans les moments de rage contre son père. Enfin, j'ai adoré le personnage de Sajid, toujours dans sa parka, faisant penser à Kenny de South Park. Archie Panjabi m'a surprise, l'ayant vue dans le rôle d'une fille trèèèès féminine pensant surtout à son apparence, alors qu'elle est ici un véritable garçon manquée.

Le mélange entre comédie et drame est particulièrement équilibré. Le ton y est particulièrement juste aussi, et cela est sûrement dû en grande partie aux acteurs. Fish and Chips ressemble finalement à une vie de famille quotidienne avec ses hauts et ses bas. Ceci est aussi très bien rendu sûrement par son côté britannique, donc sobre sans artifices, sans côté lisse non plus. L'aspect culturel est bien traité, on ne donne finalement pas de réponse, le père ne comprend pas vraiment ce bonheur que les enfants réclament, l'impréhension réside toujours mais on ne choisit pas sa famille et la vie doit continuer. Il n'y a aucun happy end ou même end, on a juste suivi un moment de cette famille en crise. Il n'y a pas non plus de véritable intrigue dans ce film, d'où le synopsis complètement bordélique (et j'en suis désolée). J'ai lu que certains trouvaient ce film raciste envers la communauté pakistanaise, je ne suis pas d'accord. Si les enfants Khan ne respectent pas tous leur tradition, c'est aussi dû au père qui n'a pas su éduquer ses enfants autrement que par la violence: les idées passent donc mal. Par opposition, les soeurs dans Joue-la comme Beckham aiment leur tradition et la respectent, ayant reçu une éducation très différente avec un père assez compréhensible. Quant au côté cliché, c'est plus de la caricature que du racisme, c'est à prendre avec humour surtout cette rencontre entre les Shah et les Khan pour le mariage arrangé, avec les portraits énormes des filles très laides.

J'ai eu un grand mal à rédiger cette note et je préfère en finir maintenant, alors que je me souviens encore de ce film. Désolée donc pour ceux qui liront ce gros bordel. En bref, j'ai aimé Fish and Chips pour son côté juste, sa folie parfois britannique, le côté culturel, la chronique familiale particulièrement réussie avec moments de joie, de colère et de tristessse puis les personnages hauts en couleurs. Enfin, je voulais dire un mot sur le titre. Le titre anglais, East is East, suggère que la tradition, c'est la tradition et qu'on ne la change pas, ce titre semble représenter le personnage rigide du père Khan. Le titre français n'est là que pour dire que le film est anglais, ayant pris cette opportunité comme la mère tient un commerce de fish and chips. Notons en plus qu'aux Etats-Unis, on voit sur la couverture un couple anglo-pakistanais (Tariq et Stella), pour souligner le côté inter-racial du film alors que cela n'a rien à voir avec ce couple... Bref, tous les moyens sont bons pour promouvoir le film même s'il est passé inaperçu, peu importe si on dénature le genre véritable du film. Dommage que je n'ai pas vu Fish and Chips en version originale mais bravo à M6 de l'avoir diffusé, même s'il était très tard. Entre Un monde meilleur, Ordinary Decent Criminal et Fish and Chips, j'ai passé une délicieuse soirée TV, avec des films tous très différents (production hollywoodienne, production modeste irlandaise, chronique familiale britannique).

Publié dans Cinéma

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Commenter cet article
A
Tu m'étonnes! C'est trop le genre de fin qu'on oublie trop lol et puis c'est pas comme si y'avait une véritable intrigue comme on est en chronique familiale. Dans mes souvenirs lointains c'est ce que j'ai mis en spoiler... Après j'ai lu quelques résumés des sites pour me souvenir du milieu car moi-même j'avais du mal. Et le pire c'était sûrement les sept enfants car j'avais même du mal à me souvenir combien ils étaient: juste qu'on avait une tribu O_O! Tu as dû le voir le même jour que moi soit en janvier à moins qu'il ne soit repassé :o. Décidément quelle surprise d'avoir un commentaire sur ce film O_O!
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Z
Moi aussi j'ai vut ce fil il y quelque mois je me souviens pas de la faim mais j'a vraiment beaucoup aime je suis tombe dessus par chance et je le regrette pas
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K
J'ai peu de souvenirs de ce film , je ne l'ai vu qu'une fois et ça commence à dater et je n'ai malheuresement pas regardé M6 cette fameuse soirée qui a fait ton bonheur.<br /> Je le place donc dans les films que je dois revoir
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A
N'étant clairement pas sûre de le revoir pour ma part, j'ai donc décrit chaque personnage! Il est vrai que certains frères sont plus timides et donc, plus discrets :) puis c'est la galère car souvent il n'y a pas de photos des comédiens vu qu'ils sont peu connus ^^;. Enfin, j'ignore si c'était dans l'euphorie de la super soirée mais je me suis régalée avec ce Fish And Chips :D