Lex Luthor: L'Homme d'acier
Lex Luthor est un industriel puissant. A Metropolis, la Tour des Sciences, symbole de ce que peut accomplir l'Homme, est en construction. En même temps, Lex Luthor est obsédé par le moyen afin d'anéantir Superman. Il donne l'ordre à un scientifique de fabriquer un être doté des mêmes pouvoirs que son ennemi juré et qu'il nomme Hope (Espoir). Hope incarne l'espoir de l'Homme, par opposition à un Superman qui menace l'humanité.
Avis :
Lex Luthor: L'homme d'acier (Lex Luthor: Man of Steel) est une mini-série en cinq parties écrite par Brian Azzarello et illustrée par Lee Bermejo. Cette mini-série, une fois n'est pas coutume, se concentre sur le personnage de Lex Luthor et se construit sur son point de vue. Azzarello est un habitué de Vertigo, avec entre autre sa série 100 Bullets mais a aussi travaillé sur la série régulière de Superman avec Jim Lee. En France, Lex Luthor: Man of Steel est sorti dans un album cartonné de la collection DC Heroes chez Panini sous le titre Superman: Lex Luthor.
Tout l'intérêt de cette mini-série est de montrer le point de vue de Lex Luthor, ce qu'il pense de Superman et pourquoi il le hait tant. Pour Lex Luthor, Superman représente un frein au développement de l'Homme, celui-ci se reposant ainsi sur ce surhomme. Selon Lex Luthor, l'Homme a du potentiel mais avoir sous les yeux quelqu'un comme Superman l'empêche d'avancer et d'avoir confiance en ses capacités. Bref, Superman est donc une véritable menace pour l'humanité et selon Lex, il nous méprise, nous regarde de haut, il ne s'agit pas du boy scout compatissant que le lecteur connaît. Lex Luthor se positionne en messie de l'Homme (et ressemble à un terroriste, croyant beaucoup à ses convictions), Lex serait un modèle à suivre, donnant envie aux humains de s'élever, si Superman n'était pas là. D'ailleurs, du point de vue de Lex, Superman a une apparence menaçante (pas de sourire ni d'expression, air de Terminator, des yeux rouges, le torse toujours bombé paré pour l'attaque). Malgré toutes ces raisons, je n'arrive pas à trouver Lex sympathique, il est toujours aussi salaud à mes yeux (en revanche, sur certains forums américains, certains disaient "Superman is a jerk").
On découvre aussi un Lex Luthor très seul, sa vie étant son entreprise et son obsession: Hope. Sa secrétaire lui tourne autour, il le sait mais s'en fiche complètement, rien ne compte. Lex Luthor a une vie personnelle peu remplie, son seul bonheur étant Hope (avec qui il finit par coucher d'ailleurs, disant qu'il l'aime). D'ailleurs, toute cette solitude est bien illustrée par les couleurs très sombres et froides, on voit souvent un Lex Luthor derrière un soleil couchant et l'ombre du store sur lui. Si un personnage aussi seul (ou amoureux) peut apporter compassion dans certains comics, il n'en est pas le cas ici. Azzarello nous montre que d'accord, il est seul, mais que c'est de sa faute, que ça lui plaît et qu'il est un véritable salaud (quand il dit à voix haute ce que la secrétaire pense en son for intérieur). C'est un point appréciable, on n'essaie pas de faire passer Lex pour un gentil.
Azzarello nous montre malgré tout que l'Homme reste irrécupérable et possédé par une sorte de désir de destruction (Lex à la fin détruit la Tour pour faire croire à l'oeuvre de Superman mais il détruit aussi Hope, sa création la plus chère à ses yeux, son amour, le symbole de son espoir). Finalement, cette nature profonde de l'Homme, mêlé à une certaine mégalomanie quand il a du pouvoir, empêche en quelque sorte toute évolution. Superman reste donc l'être le plus avancé de notre Terre, Lex en tant que représentant de la race humaine n'arrive pas à le surpasser.Quelque chose empêche Lex de voir son obsession s'accomplir mais si c'est le cas, il n'aura plus d'autre objectif dans sa vie (on a vu combien elle était sentimentalement vide).
La narration de cette mini-série, comme s'en doute, est très introspective, avec le procédé de la voix-off. La lecture est fluide, ce n'est ni particulièrement palpitant, ni ennuyeux et Azzarello arrive à mettre le lecteur dans la peau de l'homme chauve. Il subsiste malgré tout quelques points nébuleux, la narration étant parfois confuse, l'impression d'avoir sauté une page (pourquoi Batman et Superman se battent- ils? ou bien on ne sait pas trop pourquoi Orr doit s'enfuir, peut-être son échec ou bien le fait qu'il ait engagé un pédophile? On ne sait pas trop s'il détruit Hope ou la Tour. La Tour pour faire croire que c'est Superman qui la détruit afin de le discréditer aux yeux des humains présents, ou bien Hope mais là j'ignore pourquoi.). J'aime particulièrement la mise en scène du dîner d'affaire entre Bruce Wayne et Lex Luthor, mêlant négociations avec combat entre Batman et Superman.
Le travail graphique de Bermejo peut séduire ou rebuter. La coloration est très froide et sombre, avec une sorte d'effet métalisé. Les personnages adoptent un graphisme réaliste (comme sur les couvertures américaines) sur certaines planches et plus comics sur d'autres, avec encrage gras. L'ensemble est donc assez inégal et ne plaira pas à tout le monde. A mon avis, les planches au style réaliste sont magnifiques, avec la coloration particulière. J'aime aussi le design de Bruce Wayne, que j'ai trouvé pour une fois très playboy (et sexy mais c'est la lectrice qui parle lol) avec ses cheveux un peu longs et ses lunettes de soleil. En revanche, j'aime beaucoup moins son Batman avec les coutures sur le costume. Cet ouvrage est graphiquement très intéressant, Lee Bermejo proposant quelque chose d'assez original. Quant aux couvertures américaines de la mini-série, je les trouve fabuleuses (on les trouve en lien tout au long de ce post).
Un ouvrage intéressant pour les fans de Lex Luthor, mais légèrement coûteux (17,5€). La couverture cartonnée est en trop surtout qu'il ne s'agit pas d'un récit culte, format luxueux sûrement pour la beauté des planches. Un comics très plaisant à lire, avec narration introspective et un Superman menaçant. Loin d'être indispensable mais bien réalisé. Le but, exposer le point de vue de Lex Luthor en nous entraînant dans son obsession, est atteint.
Merci à Génie